Cette rubrique présente de nouveaux ouvrages concernant presse écrite et médias. Ils peuvent vous intéresser comme outils de travail ou de réflexion. Tous les ouvrages commentés sont évidemment disponible à la médiathèque du CAV.

Ne sont présentés sur cette page que les résumés : pour télécharger l'entièreté du commentaire (3-4 pages), cliquez sur le titre de l'ouvrage qui vous intéresse.

Pour les ouvrages antérieurs à l'année en cours, veuillez consulter la rubrique « Archives ».

 

Le jour où mon robot m’aimera : vers l'empathie artificielle

S. Tisseron, Paris, Albin Michel, 2015, 198p. (16€)

 

Le dernier livre du psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron participe à la fois du récit de science-fiction et de l’essai philosophique, un ouvrage nourri par la connaissance que son auteur possède de nos comportements humains, mais aussi par un souci constant d’éduquer les générations futures afin que les usagers gardent en tout temps la maîtrise sur les machines, qui ne sont là que pour nous rendre service. L’attention portée par Tisseron au développement du numérique, son intérêt pour l’univers des images, l’objet et la complexité de sa relation avec l’homme, une prétendue empathie émotionnelle qui pourrait s’installer entre l’un et l’autre, sont quelques-uns des thèmes qui structurent l’ouvrage. Tout ceci sur fond d’une interconnexion généralisée des objets à Internet avec les conséquences qui en résultent pour notre vie psychique et sociale. Alors, ces robots seront-ils des partenaires, des esclaves, des complices, de simples témoins ? L’ouvrage séduit par ce va-et-vient entre idéalisation et diabolisation, fascination et rejet…

   

 

Robert Capa. 100 photos pour la liberté de la presse

Reporters sans frontières France, spécial N°50, hiver 2015, 168p. (9,90€)

 

Le moins que l’on puisse dire est qu’il fut l’un des principaux représentants de cette épopée visuelle, une figure emblématique du photojournalisme et de son évolution. Que « Reporters sans frontières » l’ait sélectionné pour le « Spécial N°50 » n’est que justice car, avec lui, nous nous trouvons au cœur même des problèmes récurrents de l’info en image, qui oscille entre la rigueur obligatoire de l’info et la force expressive, le « choc », de l’image. Son fameux instantané du milicien républicain fauché par une balle fasciste lors de la guerre d’Espagne en est une illustration évidente. Mais ce serait réducteur pour l’art et l’engagement humain de Capa de se centrer uniquement sur ce cliché. Et les œuvres choisies par RSF nous en persuadent. L’avènement du Front Populaire en France, la vaine résistance des Espagnols aux raids italo-allemands, la guerre sino-japonaise, Omaha Beach et le débarquement, la vie des « vrais » habitants de l’URSS, la mort de Capa lors de la guerre d’Indochine, sont quelques moments d’une carrière exemplaire, d’une légende.

 

 

L’image Partagée. La photographie numérique

André Gunthert, France, Textuel, 2015, 175p. (25€)

 

L’auteur, qui a écrit sa thèse sur la « Conquête de l’instantané : archéologie de l’imaginaire photographique en France : 1841-1895 » se pose ici en observateur attentif de la transition numérique et de la fluidité qui caractérise aujourd’hui l’information visuelle. L’image connectée, à ses débuts, a souvent suscité dédain et méfiance chez les professionnels de la photo et les bénéfices de la photo numérique sont d’abord allés à l’informatique, à la téléphonie mobile, au web. Fort de ce constat de départ, l’auteur explore un ensemble de modifications comportementales induites sur l’axe social par l’empreinte digitale. Il aborde ainsi aussi bien le journalisme citoyen, que la « culture » de l’information qui en résulte, l’image conversationnelle, le triomphe du selfie. Ainsi, on voit également comment une nouvelle technologie a offert à la photographie un dynamisme qui l’éloigne de tout académisme culturel. L’ouvrage de Gunthert réinterroge le foisonnement visuel de notre univers quotidien, mais aussi les concepts de culture de la distinction et de culture populaire.

 

 

La fabrique de l’information visuelle. Photographies et magazines d’actualité

Thierry Gervais et Gaëlle Morel, éd. Textuel, 2015, 239p. (29€)

 

Probablement un des ouvrages les mieux documentés sur le photojournalisme et les magazines d’actualité. Des défis relevés pour arriver à une reconnaissance des photojournalistes comme journalistes à part entière aux grandes étapes de l’évolution d’une des principales composantes de la presse écrite ou en ligne, en passant par les grands noms qui ont orienté l’info visuelle et lui ont donné ses lettres de noblesse. On voit ainsi comment la photo de presse, en gagnant un statut, devient un objet commercial, comment les progrès de la technique ont permis sa diffusion en la libérant de son caractère hybride de la fin du 19e, comment le photojournalisme moderne a profité d’une plus grande mobilité offerte par les nouvelles générations d’appareils comme le Leica, comment les nouvelles stratégies visuelles peuvent modifier le fil narratif, comment le photomontage se met au service de la création artistique mais aussi de l’engagement idéologique. Mais on voit aussi comment les magazines d’actualité ont infléchi la photo de presse – de « Regards » à « Life », de « Match » à « Stern », en l’orientant éventuellement vers la presse people et vers un certain déclin. Une épopée passionnante…

   

 

La liberté d’expression : pour qui, pour quoi, jusqu’où ?

 Stéphane Hoebeke, Anthémis, 2015, 124 pp. (35€)

 

On sait qu’au lendemain des attentats contre « Charlie Hebdo », la liberté d’expression a été mise en débat sur la place publique… On peut tout dire, tout écrire, tout dessiner, MAIS… et c’est évidemment cette restriction qui fait l’objet des débats les plus enflammés. Aussi, un ouvrage comme celui de Stéphane Hoebeke est-il particulièrement bienvenu pour apporter les précisions nécessaires. Hoebeke est juriste et responsable de l’EAM à la RTBF. Il se veut ici très pragmatique et aussi clair que possible dans la thématique traitée et dans chacun des items qui s’y réfèrent. L’essentiel pour lui est bien d’éviter toute confusion, toute interprétation abusive en privilégiant la simplicité d’accès à des notions et concepts pas toujours aisés à maîtriser par le commun des mortels. La rigueur du propos et les illustrations laissent néanmoins une large place à la nuance et à la souplesse de la mise en situation.

   

 

Le Moyen Age au cinéma. Panorama historique et artistique

François Amy de la Bretèque, Paris, Armand Colin, 2015, 223p. (26,95€)

 

Par définition, le film historique est la résultante de trois facteurs complémentaires : le point de vue de l’auteur sur les événements ou les personnages dont il traite, l’environnement socio-économique ou idéologique qui préside à la naissance de l’œuvre, l’état du cinéma à l’époque de la réalisation avec son évolution technologique, langagière et son degré de « modernité ». Les évocations filmiques du Moyen Age ne dérogent pas à ce constat et forment un ensemble particulièrement hétérogène d’œuvres où le passé médiéval est reconstitué avec un bonheur relatif, mais où il est aussi violemment mis en cause par la satire ou la démystification. On accomplit ainsi un itinéraire qui ne manque pas de saveur, allant des frères Lumière et de Méliès à Cecil B. De Mille ou à Fritz Lang, de Marcel Carné avec ses Visiteurs du Soir à la Jeanne d’Arcde Dreyer et à Alexandre Nevski d’Eisenstein, pour aboutir à Falstaff de Welles, à Perceval le Gallois de Rohmer, à Monty Python de Gilliam ou au Roman de la Rose d’Annaud. Soit des lectures interprétatives pour le moins contrastées de notre imaginaire individuel et collectif…

   

 

Tous selfie ! Pourquoi tous accro ?

Pauline Escande-Gauquié, France, Ed. François Bourin, 2015, 138p. (22€)

 

On retrouvera dans cet ouvrage les trois axes désormais chers à l’éducation aux médias : l’axe technique, l’axe informationnel, l’axe social. Soit : un objet médiatique, le smartphone et son évolution technologique tentaculaire, sa fonction de base et ses nombreuses déclinaisons périphériques, les pratiques sociales et culturelles qui se démultiplient au rythme des découvertes techniques. Cet acte social est au centre de l’ouvrage. On va donc nous parler d’extimité, d’égocentrisme, d’hédonisme, de « pulsion selfique » et nous avons droit à toute une typologie du selfie… Le selfie est ainsi devenu une forme de prothèse de l’individu connecté, une stratégie de communication, une « art performance »,… ou un exemple significatif de cette « Crise de la représentation » dont nous parle Daniel Bougnoux. Un livre polémique en tout cas.

   

 

La direction de spectateurs. Création et réception au cinéma

Dominique Château (dir.), Les impressions nouvelles, 2015, 282p. (18€)

 

Le titre de l’ouvrage s’inspire d’une boutade d’Hitchcock à propos de sa conception du film Psychose (1960). On sait que dans les médias, et particulièrement au cinéma, les processus d’émission et de réception sont intimement liés. Dans quelle mesure un film peut-il dès lors construire un spectateur ? Cette co-construction fait intervenir pratiquement toutes les composantes du film : narratologie, mise en scène, jeu de l’acteur, musique, etc. Toutes participent de ce rapport de projection-identification avec ce qui est montré à l’écran, un rapport analysé par la sociologie du spectateur. Les contributions explorent les films eux-mêmes pour y déceler les indices effectifs ou induits qui invitent à la co-énonciation et aux interactions entre le film et son/ses public(s). On évoque ainsi les regards-caméra, les raccords de regard, et autres procédés d’implication spectatorielle.

 

 

Progrès Films. Un demi-siècle de distribution cinématographique en Belgique

Morgan Di Salvia, Editions du Cerisier, Place Publique, 2015, 227p. (18€)

 

Réalisé au départ d’un travail universitaire, l’ouvrage de Morgan Di Salvia s’attache à évoquer l’action d’une des plus remarquables maisons de distribution bruxelloises : Progrès Films, et l’engagement politique et culturel de son patron Didier Geluck (père de Philippe, le dessinateur du Chat). C’est une plongée dans le monde de la distribution cinématographique en Belgique certes, mais c’est surtout un hommage à la volonté farouche d’une firme et d’un homme d’imposer, contre vents et marées économiques, une forme de cinéphilie basée sur la découverte et l’audace éducative. Ces films de l’Union Soviétique d’abord, puis des « pays de l’Est » qui adoptent liberté de ton et anticonformisme, les œuvres latino-américaines des années 60 et 70 avec leur volonté révolutionnaire, le cinéma d’auteur européen, c’est à Progrès Films qu’on doit de les avoir découverts. Sa ligne éditoriale a été l’un des ferments les plus importants de notre éducation au cinéma.

   

 

Media Crisis

Peter Watkins, Editions L’Echappée, 2015, 238p. (15€)

 

Fidèle à son propos, le réalisateur de « La Bombe », de « La Bataille de Culloden » ou de « La Commune » définit cette crise des médias en déclarant : « par cette expression, j’entends l’irresponsabilité des mass medias audiovisuels et leur impact dévastateur sur l’homme, la société et l’environnement ». Et de viser plus particulièrement la « monoforme » avec sa structure narrative hachée, sa fragmentation du temps et de l’espace, son caractère répétitif, mais il condamne aussi ce qu’il dénomme « l’horloge universelle », ce formatage et cette standardisation des produits que la TV propose à ses spectateurs. Watkins sait de quoi il parle, ses démêlés avec ses producteurs lui ont appris que la « répression » au sein du milieu professionnel peut être féroce. Il a aussi quelques paroles amères à l’égard de l’éducation aux médias qui prônerait des « préceptes non-critiques et pro-hollywoodiens de la culture populaire ». De quoi alimenter un débat, connaissant l’œuvre essentiellement politique et militante du cinéaste.

 

 

 

Wikipédia, objet scientifique non identifié

Sous la direction de Lionel Barbe, Louise Merzeau et Valérie Schafer, Presses universitaires de Paris-Ouest, 2015, 214 p. (22€)

 

En 2012, les encyclopédies, comme l’Universalis ou la Britannica, ont annoncé la fin de leurs éditions imprimées et Wikipédia a imposé au monde son ensemble numérique de savoirs collaboratifs. Voici un voyage au travers de ce savoir scientifique pluridisciplinaire, en confrontant des témoignages contrastés de fervents supporters de l’encyclopédie en ligne et de détracteurs tout aussi acharnés, dont la principale critique est la fiabilité des textes publiés. Ce recueil de contributions se répartit sur quatre critères : l’identification de l’objet, ses normes de gouvernance, sa légitimité, les corpus de recherche et les contenus. On notera aussi pour les jeunes usagers des textes consacrés aux fausses représentations et aux apprentissages à mettre en place pour utiliser au mieux ce « média social ».

 

 

 

L'attrait de la neige

Mathias Lavin, Crisnée, Yellow Now, coll. « Côté Cinéma/Motifs », 2015, 95 p. (9,50€)

 

 

On connaît cette remarquable collection Côté Cinéma/Motifs aux Editions Yellow Now, remarquable par l’originalité de ses thèmes et la rigueur de son propos. L’ouvrage de Lavin ne déroge pas à la tradition. La neige, comme les nuages ou la lumière, la pluie ou l’ombre, viennent imprégner l’atmosphère d’un film, modifient son déroulement narratif ou l’évolution des caractères, tout en échappant souvent aux paramètres d’une grille d’analyse filmique.
La neige sollicite ainsi notre mémoire, notre émotion, notre lecture interprétative. Ephémère ou tenace, lumineuse ou sale et boueuse, elle devient très vite déterminante dans notre perception de l’œuvre ou de certaines de ses séquences-clés. De « Citizen Kane » à « Zéro de Conduite », d’ « Amarcord » à « Cœurs », elle est là, emblématique de la fiction…

   

 

Dictionnaire amoureux du journalisme

Serge July, France, Plon, 2015, 917 p. (28,40 €)

 

Par définition, un dictionnaire amoureux est fait de coups de gueule et de coups de cœur. Il entretient aussi avec son objet et avec ses lecteurs une forme de complicité, particulièrement jouissive dans le cas présent. Car c’est Serge July, le patron pendant plus de trente ans de « Libération », qui est à la manœuvre. Le principe d’un « dictionnaire amoureux » est aussi de se décliner sur le rythme de la flânerie et d’aller ainsi d’espaces quotidiens en lieux mythiques. L’occasion rêvée de (re)découvrir des concepts ou pratiques comme le bidonnage, le bourrage de crâne, le lynchage médiatique, la connivence, mais aussi de croiser de grands formats littéraires écrivains/reporters, comme Ernest Hemingway, Daniel Defoe ou Gabriel Gárcia Márquez. Un ouvrage dont peuvent vraiment abuser tous ceux qui ont fait leur déclaration d’amour au journalisme.

 

 

 

Documentaire et fiction : Allers-retours

Coordonné par NT Binh et José Moure, Les impressions nouvelles, 2015, 189p. (17€)

 

La problématique est aussi vieille que le 7e art lui-même, mais vaut d’être revisitée aussi souvent que possible car ces deux points extrêmes de la création cinématographique très souvent convergent pour finir par se rejoindre. Huit cinéastes sont ici interviewés, – Agnès Varda, Alain Cavalier, les frères Dardenne, Claire Simon, Solveig Anspach, Julie Bertuccelli et Rithy Panh – et nous font comprendre au travers de leurs témoignages que les deux extrêmes se nourrissent mutuellement et qu’il importe toujours de prendre en compte toutes les composantes de l’œuvre analysée car toutes sont tôt ou tard significatives – que ce soit la dimension politique du projet, mais aussi des facteurs comme les coûts, le temps de tournage, le matériel disponible,…


 

 

Sauver les médias. Capitalisme, financement  participatif et démocratie

Julia Cagé, France, Seuil, « La République des idées », 2015, 116 p. (11,80€)

 

Suite aux bouleversements sociétaux et technologiques de ces dernières années, les médias sont à la recherche d’un modèle économique qui leur permette d’affronter sereinement les mutations à venir et de survivre. La professeure d’économie Julia Cagé fait des propositions pour réduire le pouvoir de décision des gros actionnaires et donner une forme de contre-pouvoir au public et aux journalistes. Elle préconise ainsi une « société de média à but non lucratif », qui concernerait tous les médias d’information, avec un focus tout particulier sur la presse écrite. La volonté politique du projet vise à rendre aux travailleurs et aux lecteurs un pouvoir qui aujourd’hui leur échappe de plus en plus. Cette forme de financement participatif, proche du crowdfunding, paraît assez radicale mais contribuerait à permettre aux médias de dépasser la seule loi du marché.

 

 

 

100 photos de National Geographic pour la liberté de la presse

Reporters sans Frontières pour la liberté de l’information, France, 2014, 148 p. (9,90€)

 

Edité en décembre 2014, soit quelques jours avant le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, ce 47e album de Reporters sans Frontières fait appel à des reportages « animaliers » et au désir que prône la célèbre revue de protéger la planète et notre environnement quotidien ou encore de lutter contre l’extinction d’espèces menacées. On retrouve ici – comme avec RSF – une même volonté d’informer l’opinion publique, de dénoncer les dérives, de susciter l’engagement et la responsabilisation. Et ceci nous donne accès à un remarquable florilège de clichés fascinants. Impact émotionnel des clichés, qualité technique, mais aussi prise de position éthique et respect d’une vie sans entraves. Même urgence du combat.

   

 

25 fictions contre les régimes totalitaires

Michel Estève, France, Corlet Ed., CinémAction n°153, 2014, 192 p. (24€)

 

Le dernier numéro de la revue trimestrielle « CinemAction » ne manque pas d’intérêt, comme les quelque 170 volumes qui l’ont précédé. On a en tout cas ici un bel ensemble de ressources d’éducation au et par le cinéma. Et les 25 fiches filmographiques rédigées par Estève viennent s’inscrire dans la priorité donnée par la revue à la politique et à la réflexion critique au départ de l’objet cinéma. Chaque fiche contextualise l’œuvre étudiée dans ses références historiques et politiques, analyse le point de vue de son auteur sur les faits évoqués, la symbolique du traitement,… Staline, Hitler, Mao Zedong, Mussolini, les Khmers rouges, sont évidemment en toile de fond de la sélection opérée par l’auteur, sélection qui court de 1963 à 2012. L’intérêt réside aussi pour nous dans une lecture transversale et comparative du traitement réservé par les réalisateurs aux mécanismes d’oppression et aux réactions de résistance que ceux-ci déclenchent.

 

 

 

La BD est Charlie. Un recueil de dessins en réaction aux attentats

Coll., Grenoble, Glénat. 2015, 175 p. (10€)

 

Un hommage et, tout à la fois, un bel outil de travail pour tous ceux qui, après les attentats de ce début d’année, veulent entrer en résistance, avec leurs élèves, contre la connerie de certains. Il s’agit, en fait, ici d’un recueil de dessins de presse réalisés par des dessinateurs du monde entier, souvent eux-mêmes confrontés à des conditions professionnelles difficiles. Un hommage souvent complice à l’égard des confrères assassinés, un beau geste de solidarité, mais aussi – s’il en était besoin – une preuve supplémentaire que le dessin de presse est un genre journalistique à part entière, en plus de revendiquer le statut de création artistique, d’arme idéologique et de manifeste de la liberté d’expression. En tout cas, un outil à intégrer au débat…

 

 

 

 

 

Révolution numérique, révolution culturelle

Rémy Rieffel, Paris, Gallimard, Coll. « Folio Actuel », 2014, 348 p. (7,90€)                                                                                                                                   

Les technologies numériques influencent directement la culture, ses valeurs, ses représentations, mais aussi ses productions, ses pratiques, ses dynamiques intellectuelles, son milieu de vie. Rieffel, sociologue des médias, nous propose ici un premier bilan de cette profonde mutation en s’interrogeant sur nos nouvelles manières d’être et de faire, de nous cultiver et d’entretenir des relations avec autrui. L’auteur analyse aussi les nouveaux liens de sociabilité qui se tissent désormais par le biais des écrans. Une nouvelle culture du partage voit le jour, de la production collaborative, une importance croissante des « profanes » dans la production culturelle, une hybridation des intérêts culturels. Mais aussi un nouveau rapport à l’information et au politique, une autre culture citoyenne, avec l’émergence d’un activisme militant. Un monde complexe, foisonnant comme cet ouvrage.