MEDIACTU 2013 - DECEMBRE

 

Avec décembre, on n’est pas sorti de a valse des anniversaires entamée au mois précédent. L’exposition « Vu à la radio » (Tour et Taxis, jusqu’au 27/04/14) évoque les cent ans de la radio en Belgique. Faut-il d’abord rappeler que la radio est un des médias les plus accrocheurs et les plus dynamiques. Elle a traversé les crises économiques, technologiques, politiques, les plus aiguës et a toujours résisté. Elle a ainsi été le témoin des petits et des grands drames de notre univers. Elle a été marquée par les grands mouvements de contestation qu’elle a relayés, mais aussi par la publicité ou la propagande, qui ont su la monopoliser. C’est un média de masse par excellence, caractérisé par la ferveur de ceux qui la font et de ceux qui l’écoutent. 

Chez nous, la première émission de radio eut lieu le 28 mars 1914. La transmission en direct d’un ténor de la Monnaie eut lieu à partir du domaine royal de Laeken. La TSF (télégraphie sans fil) – pour reprendre l’abréviation qu’utilisait toujours ma grand-mère – fut surtout lancée à l’initiative d’Albert Ier pour permettre les communications entre le Congo et la Belgique. Pendant la première guerre mondiale, les émissions furet interrompues. En 1920, le citoyen, heureux possesseur d’un appareil, payera une redevance annuelle de 20 francs… En 1930, création de l’INR (Institut National belge de Radiodiffusion), il dispose de l’usage exclusif de trois longueurs d’onde attribuées à la Belgique. Evidemment, impartialité obligée du service public, pas de publicité. Entre 1925 et 1937, seize radios privées de portée régionale sont créées et reconnues. En 1938, l’INR s’installe à la Maison de la radio à Flagey. En 1940, les émetteurs sont détruits ou déplacés. La propagande allemande s’installe jusqu’en 1944 et crée Radio Bruxelles. La guerre des ondes peut débuter. Face aux cinq bulletins quotidiens, il y a une émission libre diffusée depuis Londres, que l’on écoute « la tête dans le poste » pour ne pas se faire repérer. La RTB est créée en 1960, elle devient RTBF en 1977. Le contrat de gestion sera instauré en 97 et les obligations de service public seront contrôlées par le CSA.

Mais parallèlement, il y eut toute l’aventure des radios pirates, qui émettent en Mer du Nord à partir des années 60. Puis, ce seront les radios libres et privées. Le monopole du service public est rompu ; des radios non commerciales s’installent dont les émissions visent des communautés socio-culturelles spécifiques et des radios commerciales qui s’appuient sur la pub. Aujourd’hui, hormis la RTBF, toutes sont privées, mais leurs objectifs sont restés très différents.

Voilà pour la « petite » et « grande » histoire de « notre » radio, un itinéraire qui au cours de ces cent ans s’est affirmé et que l’exposition évoque abondamment au travers de thématiques ciblées et d’expériences concrètes : le couloir à remonter le son (une plongée sensorielle dans l’univers de la radio), des ondes et des sons (une explication scientifique de manière ludique), mais aussi les premières années de la radio dans le monde et en Belgique, la propagande et ceux qui lui résistent, les radios libres et, forcément, un studio d’enregistrement au cœur de l’exposition avec la possibilité pour le visiteur de regarder des gradins l’émission qui est en train de se faire.

Un très beau but d’excursion scolaire et, à ce sujet, rappelons que huit Belges sur dix écoutent la radio chaque jour et que la part de marché de la radio dans les investissements publicitaires est la plus élevée d’Europe.

Mais à propos de ce média nomade et fascinant signalons aussi la sortie du luxueux album de Ph. Caufriez, B. Depasse et N. Gaspard « 100 ans de radio en Belgique » qui s’attache surtout à retracer l’engouement d’une population pour ce média qui s’est imposé comme une aventure populaire, collective, citoyenne. D’importants chapitres évoquent l’info radio, les reportages sportifs, la musique, le théâtre et les feuilletons radiophoniques, les jeux et opérations spéciales, les divertissements et les canulars, les services, et la radio de demain avec les webradios et les nouveaux systèmes de radiodiffusion numérique dont le DAB (Digital Audio Broadcasting) dont la couverture est optimalisée à l’échelle du territoire. Les illustrations y sont abondantes et font revivre fort opportunément les souvenirs des émissions cultes et des vedettes de l’antenne qui ont façonné, de Luc Varenne à Philippe Bouvard, de Jean-Claude Menessier à Jacques Mercier. Edité par la Renaissance du Livre en octobre 2013 – 255 p. 26,91 €. 

La radio s’invite ainsi comme plat de résistance en cette fin d’année… mais après cette longue échappée, revenons les pieds sur terre pour deux « cocoricos ». Tout d’abord, l’attribution du « Prix MEDEA », à Bruxelles à la mi-décembre. Leur objectif est d’encourager l’innovation et les bonnes pratiques dans l’utilisation des médias (audio, vidéo, graphique et animation) dans l’enseignement. Le concours concerne les étudiants, les enseignants et les producteurs de ressources éducatives en médias ; il vise une meilleure intégration de ces ressources à l’environnement éducatif dans lequel évoluent nos apprenants. Le prix spécial du Jury MEDEA 2013 a été attribué à l’Athénée Léonie de Waha pour son projet de WebTV. Nous avons déjà eu l’occasion de faire allusion à cette réalisation des élèves de la section d’Arts d’Expression de l’Athénée. « Waha TV » est un bel exemple de pédagogie du projet qui intègre les nouvelles écritures médiatiques et répond, en effet, parfaitement au prix spécial qui vient de lui être attribué, qui récompense « une approche innovante en termes de conception pédagogique ou technique ».

Et puis, autre raison de fierté, la reconduction des opérateurs en EAM de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les Grignoux pour leur initiative « Ecran large sur Tableau Noir », un programme de films présentés en matinée scolaire avec un accompagnement pédagogique sous forme de dossiers inédits destinés aux professeurs. Ces projections ont lieu dans quatorze salles de cinéma et centres culturels de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les trois centres de ressources en éducation aux médias – le CAF, Centre d’Autoformation et de Formation continuée, le CAV, Centre Audiovisuel de Liège et Media Animation – ont également vu leur dossier de candidature accepté à l’unanimité par les membres du CSEM réunis en Conseil extraordinaire. De même, la société coopérative Journaux Francophones Belges (JFB), qui met gratuitement à la disposition de tous les établissements scolaires un échantillonnage de titres de la presse quotidienne et participe, comme tel, à l’opération Ouvrir mon Quotidien, a vu sa candidature reçue. Enfin, l’Association des Journalistes Professionnels (AJP) et son initiative de Journalistes en classe ont été également redésignés pour un nouveau mandat de cinq ans.

Si l’établissement de ces dossiers a pris quelque temps aux opérateurs, l’établissement d’un plan d’action quinquennal les a amenés à prendre en compte l’évolution des médias (et des besoins pédagogiques) dans leur politique respective d’éducation aux médias. Comme il le fait depuis 2008, le CSEM pourra encore s’appuyer sur des opérateurs issus du terrain pour porter la « bonne parole » de l’EAM dans les écoles et le secteur associatif. Il n’en reste pas moins vrai qu’une évaluation plus globale de la politique d’éducation aux médias dans la Fédération Wallonie-Bruxelles devrait être effectuée. Compte tenu de l’indexation des salaires et de la hausse du coût de la vie, les ressources financières des opérateurs se réduisent comme peau de chagrin. Les subventions accordées en 1995 lors de la « création de l’EAM » représentent à peine 50 % de ce qu’elles étaient à l’époque. Chacun doit donc développer ses ressources propres. Il peut être intéressant et même passionnant de prospecter de nouveaux « marchés », mais ça ne peut être au détriment de la raison sociale éducative que nous partageons tous.

Clôturons ce rapide tour d’horizon de ce dernier mois de 2013 avec les marronniers classiques, qui poussent en cette période à la vitesse des champignons… Bien sûr, il y a les fêtes de la Saint-Nicolas et du « père » Noël (avec ou sans leurs animaux respectifs, âne ou rennes) ; bien sûr, il y a les « cadeaux les plus appréciés sous le sapin ». Mais aussi les sondages, baromètres, et autres, de vos émissions et présentateurs préférés. « The Voice » a-t-il enfoncé « Top Chef » ?, « On n’est pas des pigeons » vient-il en tête des magazines qui ont la cote ? Et Hakima est-elle avant ou après De Brigode dans vos choix ? Et Nathalie qui détrône Michel De Maegd et prend sa cinquième place au classement des présentateurs de JT. Formidable, n’est-ce pas…

 

M. Cl.