Cette rubrique présente de nouveaux ouvrages concernant presse écrite et médias. Ils peuvent vous intéresser comme outils de travail ou de réflexion. Tous les ouvrages commentés sont évidemment disponible à la médiathèque du CAV.

Ne sont présentés sur cette page que les résumés : pour télécharger l'entièreté du commentaire (3-4 pages), cliquez sur le titre de l'ouvrage qui vous intéresse.

Pour les ouvrages antérieurs à l'année en cours, veuillez consulter la rubrique « Archives »

 

 

La fin de la publicité. Tours et contours de la dépublicitarisation

Valérie Patrin-Leclère, Caroline Marti de Montety, Karine Bertholet-Guiet, Le Bord de l’Eau, 2014, 247 p. (20€)

 

Le point d’interrogation a toute son importance… Car si les auteures parlent de « dépublicitarisation », elles font allusion aux formes « classiques » de la publicité, qui préfère aujourd’hui emprunter d’autres voies pour convaincre le consommateur, car de tout temps, les médias ont développé une véritable culture rhizomatique : c’est vrai pour le cinéma, la BD, la presse qui ne cessent de multiplier leurs déclinaisons et d’affirmer leur vision extensive. Il en est ainsi de la publicité qui s’éloigne de ses marqueurs traditionnels en investissant d’autres formes et surtout en créant un maximum de confusion. Cette confusion s’installe notamment dans le publi-rédactionnel et dans toutes ses extensions possibles. C’est bien de toute une requalification de la communication de marque qu’il s’agit, d’un brouillage énonciatif des discours produits. La marque joue aussi le jeu d’une « mise en culture » qui légitime ainsi son entrée dans la vie sociale.

 

 

Cultures de l’information

Coordonné par Vincent Liquète, CNRS éd., coll. « Les essentiels d’Hermès », 2014, 215 p. (8€) 

 

Une douzaine de chercheurs et de professeurs d’université en infocom interrogent le développement des « translitteracies informationnelles » pour répondre à l’envahissement de l’infobésité, pour essayer de sélectionner et de hiérarchiser cet environnement qui finit par nous menacer. Seule solution à l’horizon : se construire une véritable culture de l’information qui vienne se superposer à la culture acquise à l’école ou à cette culture générale dite de « l’honnête homme ». Comment se façonner cette culture informationnelle pour qu’elle corresponde à une nouvelle vision du monde et prenne la forme d’un humanisme numérique ? Toutes les réponses font converger information et éducation, que ce soit à l’école, dans le milieu professionnel, dans le monde académique. Autre point commun : la nécessité d’un recentrage de la réflexion sur les questions culturelles plus que sur les objets techniques. Evident, mais pas encore pour tout le monde…

 

 

Les séries télévisées : l'avenir du cinéma?

Jean-Pierre Esquenazi, Armand Colin, 2014, 247 pp. (25,80€)

 

Chacun en connaît désormais l’importance dans l’élaboration des grilles de programmation des chaînes. Chacun perçoit aussi l’importance qu’elles ont dans nos références culturelles, nos représentations sociales et nos allusions quotidiennes. Au fil des ans, elles ont acquis de l’honorabilité, elles font d’ailleurs l’objet de colloques universitaires et de thèses de doctorat. En outre, on y voit un potentiel considérable qui pourrait venir nourrir l’avenir du cinéma. L’auteur – un spécialiste du genre – adopte ici une approche multidimensionnelle : il analyse les principes narratifs, le statut des personnages, leur dimension sociale, les mécanismes de diffusion, et surtout l’immense héritage de la fiction populaire que les séries peuvent représenter. Une nouvelle bible pour les collègues de français et de sciences humaines qui sont toujours nombreux à aborder le thème de l’univers sériel avec leurs élèves.

 

 
 

 

 

Défier le récit des puissants

Ken Loach, Indigène Editions, Coll. « Ceux qui marchent contre le vent », 2014, 46 p. (5 €)

 

Ken Loach, le « social worker » du cinéma britannique, nous livre ici une brillante leçon de cinéma et d’engagement politique. Il nous parle de sa conception de la réalisation et des sujets qui lui tiennent à cœur, où la fragilité de l’humain et de son comportement est fondamentale. Loach attache aussi une grande importance au choix de ses acteurs, qui ont intérêt à provenir de la classe sociale qui va être proposée au spectateur. Mais filmer c’est évidemment aussi monter et le montage implique une complicité du regard… L’essentiel des propos du cinéaste porte néanmoins sur une virulente condamnation des mécanismes de la société dans laquelle il vit, son hypocrisie, ses médias relayant l’idéologie du pouvoir en place, sa censure économique et politique. Un credo sans équivoque dans la nécessité d’un changement radical. Une bouffée d’air frais…                

 

 
 

 

Nouveaux territoires médiatiques

Sous la direction de Loïc Ballarini et Gilles Delavaud, Ed. Mare et Martin, coll. « Media Critic », 2014, 261 p. (25€)

 

 

Ici aussi, une douzaine d’études qui explorent les multiples enjeux techniques, économiques et politiques des nouveaux médias et des dispositifs qu’ils impliquent. On aborde ainsi des thèmes comme le blogging dans un contexte scientifique de recherche ou de vulgarisation, l’analyse de la pratique du live-tweet et son incidence sur la programmation télévisuelle, les rapports que nourrissent Internet et la presse locale, la construction identitaire au travers de la production médiatique, etc. Au fond, on ne se situe pas très loin des recherches publiées par « Les Essentiels d’Hermès ». En somme, un état des lieux des recompositions contemporaines ancrées tout à la fois dans la dimension sociétale et dans l’évolution technologique.

 

 

 
 

 

Nos savoirs à l’épreuve. Sous l'empreinte des médias, la raison se perd

WILLEMARCK, P., Bruxelles, Centre d'action laïque, coll. « Espace de libertés », 2014, 192 p.

 

Le sous-titre de l’ouvrage : « Sous l’empreinte des médias, la raison se perd » est significatif du propos, qui est socio-politico-médiatique. L’auteur y analyse les effets pervers d’un nouveau mode de consommation de l’info. Celle-ci n’émane plus de la base, elle est récoltée et formatée professionnellement pour être livrée à la consommation. Il s’ensuit une surcharge informationnelle, une diffusion multicanal, une infobésité… une certaine incohérence et une perte de repères. Une approche massive permet rarement une approche en profondeur. On comprend que la confiance ne soit pas toujours au rendez-vous. La seule solution… l’éducation, qui accompagnera un changement de culture. Un plaidoyer pour plus d’éthique, pour plus d’imaginaire social aussi, pour une intelligence publique qui ait pour seule fonction de « maximiser les savoirs de la société dans son ensemble comme un trésor public commun ».

 
 

 

Géopolitique des médias. Acteurs, rivalités et conflits

Philippe Boulanger, coll. « U. Science politique », Armand Colin. 2014., 310 p. (31,40 €)

 

L’auteur prend les médias et leur développement comme des composantes essentielles du concept d’une géopolitique de notre temps. La géopolitique des médias serait l’étude des rivalités de pouvoirs entre les acteurs médiatiques, mais aussi l’analyse de la représentation de ces luttes d’influence par les médias eux-mêmes, ceux-ci étant les acteurs et les reflets de notre monde actuel. Les critères de cette nouvelle géopolitique sont les infrastructures, la production médiatique, la consommation et les flux d’information. Si américanisation et mondialisation s’identifient souvent dans la production et la diffusion médiatiques, les médias, comme ferment modernisateur, essaient parfois d’échapper au modèle dominant. Un pôle cinématographique comme Bollywood en témoigne, mais aussi Anonymous, Wikileaks,… Enfin, les cyberattaques lancées quotidiennement contre les intérêts d’un Etat ou d’une entreprise font l’objet d’un chapitre particulier de ce travail particulièrement bien documenté.

 

 

 

François Truffaut. Le roman du cinéma

Dir. Jean-Luc Douin, coll. « Une vie, une œuvre », un hors-série de « Le Monde », 122 p. (7,90€)

 

Une trentaine de monographies ont déjà été consacrées à Truffaut. Celle-ci, dans son ensemble de textes, de témoignages, de citations et d’illustrations, forme une très agréable synthèse de cette figure emblématique d’un cinéma de grande qualité que fut l’auteur des « 400 Coups ». L’intérêt de ce hors-série du « Monde » est de nous faire prendre conscience du caractère très contrasté de l’homme et de son œuvre. Pudeur et révolte co-existent chez Truffaut. Existence tumultueuse, production foisonnante, sensibilité à fleur de peau et… une« rédemption » par le cinéma… et les femmes. « J’ai une profonde méfiance vis-à-vis de tout ce qui sépare le monde en deux, disait-il, les bourgeois et les artistes, les flics et les aventuriers ». Et cette affirmation morale se traduit notamment par un a priori de générosité à l’égard de ses personnages. Un homme, et un véritable auteur, qui continue à fasciner.

 

 

100 photos de l’Agence VII pour la liberté de la presse

Reporters sans Frontières, pour la liberté de l’information, 2014. 144 p. (9,90€)

 

Il s’agit, bien sûr, d’une publication de Reporters sans Frontières pour la liberté de l’information. Et nous savons malheureusement que ce genre d’initiative s’impose plus que jamais car le nombre de journalistes qui paient un lourd tribut à cette liberté de l’info ne cesse de croître. Contrairement aux numéros précédents centrés sur la production d’un photographe ou sur une thématique particulière, celui-ci a sollicité les photo-reporters de l’Agence VII. La participation est donc plurielle et repose sur la diversité des styles et des approches, mais la mise en page joue sur la complémentarité ou l’opposition des contenus ou des styles, ce qui conduit à un ensemble parfois inattendu mais toujours riche pour le cœur et l’esprit.

 

 

Limites de la fiction. Considérations actuelles sur l'état du cinéma

Jacques Aumont, Bayard, 2014, 240 p. (22,90€)

 

Une interrogation très nuancée du concept de fiction cinématographique par l’un des spécialistes de l’esthétique et du langage du 7e Art... De nouvelles frontières sont apparues et, avec elles, cette fameuse conception extensive d’un cinéma qui se décline désormais sur des supports multiples. Qu’advient-il du pacte fictionnel qu’un réalisateur conclut avec son spectateur dans ce nouvel environnement ? La fiction reste-t-elle notre principal accès à la réalité ? Mais quelles sont aussi les prises de distance qu’un réalisateur de fiction peut imposer à son public ? Le concept de limite doit pouvoir être pris dans un sens dynamique qui offre une nouvelle vitalité aux images, fussent-elles non-cinématographiques, numériques et nomades.

 

 

L’édition au XXIème siècle. Entre livres papier et numériques

Kelvin Smith, Editions Pyramid, 2013, 208 p. (29,95€)

  

Un ouvrage luxueux et fort bien documenté qui ne néglige aucun aspect de la gestion du livre et de son évolution au cours de ce dernier quart de siècle. On y aborde inévitablement l’incidence que la numérisation peut avoir sur les comportements de lecture. Mais on est également informé sur le point de vue de l’éditeur et sur les réactions des principaux acteurs de la chaîne éditoriale. On mesure ainsi les changements fondamentaux provoqués par la numérisation sur les contenus et leur mise en forme, mais aussi sur les rapports sociaux et les modèles économiques. Ici aussi, le transmédia apparaît comme l’aboutissement logique du processus.

 

 

Information et communication scientifiques à l’heure du numérique

Sous la direction de Valérie Schafer. CNRS Editions, coll. « Les Essentiels d’Hermès », 2014, 215 p. (8€)                                             

 

Dans quelle mesure le développement du numérique a-t-il modifié la communication scientifique et l’information du citoyen ? L’abondance des données accessibles a-t-elle un impact sur la médiation des savoirs scientifiques et sur une éventuelle démocratisation de la science ? Quelle peut être l’implication citoyenne dans la recherche et dans ses modes de diffusion ? Quelles sont les interactions entre l’édition scientifique et le monde des entreprises ? Quelles sont les limites du journalisme scientifique ? Quelle est l’ampleur du fossé qui se creuse entre « savoir expert » et « savoir profane » ?...

 

 

Jeux vidéos

Blaise Mao, 10/18, coll. « Le monde expliqué aux vieux », 2013, 150 p. (7,65€)                                                          

 

Voici un demi-siècle que le jeu vidéo fait partie de notre culture médiatique et populaire. Entretemps, il s’est ouvert à toutes les tranches d’âge et toutes les classes sociales. De loisir récréatif qu’il était, il est (parfois) devenu éducatif. Pour beaucoup de jeunes, il a été le point d’entrée dans la culture numérique et les a initiés à ses codes et usages, devenant même, selon Serge Tisseron, un « tuteur de développement »… Le gamer consommateur mais aussi créateur… Le jeu vidéo comme un laboratoire pour les autres industries culturelles et créatives. Il a, en tout cas, développé un champ d’expérimentation narrative où se donnent rendez-vous la littérature, le cinéma, les séries télévisées, les réseaux sociaux. Le jeu vidéo, c’est tout un éco-système médiatique non-linéaire qui est en train de se construire.

   

 

Manuel de journalisme webBlogs, réseaux sociaux, multimédia, info mobile

Mark Briggs, Eyrolles, 2014, 296p. (26€)      

 

De l’aveu des étudiants en journalisme ou des professionnels, c’est bien la Bible de la récolte, de la mise en forme et de la diffusion de l’information dans notre univers numérique. C’est en tout cas un ouvrage qui définit et illustre très concrètement les notions fondamentales et les pratiques d’une nouvelle culture dans des activités comme le blogging, le crowdsourcing, le journalisme mobile, mais aussi la photo numérique au service de l’info ou le storytelling visuel. Il traite aussi de concepts plus avancés comme le « datajournalism », la gestion d’une communauté ou le développement de l’audience en ligne. Le volume de nouveautés à assimiler est important et très diversifié, mais l’auteur entend bien avancer pas à pas avec son lecteur pour ne pas le décourager.

   

 

Médiactivistes

Dominique Cardon et Fabien Granjon, Les Presses Sciences-Po, 2014, 200p. (14€)                                                         

 

Une plongée dans un certain nombre de circuits alternatifs de la diffusion de l’info. La mobilisation citoyenne que nous connaissons déjà risque de s’accroître avec l’évolution technologique des médias, que ce soit dans le cadre d’une action collective orientée précisément vers la critique des médias dominants, que ce soit dans la mise en œuvre de dispositifs et de stratégies de production d’une information alternative. Ce sont les deux axes que les auteurs vont explorer, sachant que ces axes se rejoignent tôt ou tard car la critique conduit à une expression originale contestataire, à mesure que le citoyen s’approprie l’innovation dans l’expression et la diffusion. Et les exemples oscillent entre la presse prolétarienne en Russie et le cinéma militant français des années 70, entre les médias chiliens avec Allende et les radios de lutte en Lorraine ou en Bolivie, entre Mediapart et un certain datajournalism.

 

 

Alain Resnais

Jean-Luc Douin, Editions de La Martinière, 2013, 280 p. (45€)

 

Le livre de Douin est sorti de presse quelques mois avant le décès du réalisateur de « Nuit et Brouillard »« Hiroshima mon amour » ou « Aimer, boire et chanter » (présenté au Festival de Berlin 2014). Et cet ouvrage flamboyant est très certainement l’un des plus beaux hommages au maître du 7e art. Jean-Luc Douin réussit la gageure de nous proposer une analyse fouillée d’une œuvre particulièrement contrastée, dans ses thèmes, son langage, son style. En début de carrière, la collaboration de Resnais avec Duras, Robbe-Grillet, Cayrol, Semprun, fait que beaucoup le considèrent comme un cinéaste intello, mais à partir des années 80, l’intérêt de Resnais pour la chanson populaire, l’opérette, la BD, modifie profondément son parcours. « Rien ne ressemble moins à un film de Resnais qu’un autre film de Resnais » dira Pierre Arditi, l’un de ses principaux acteurs. C’est ce foisonnement que Douin met en scène avec bonheur.

 

 

1914-1918. La guerre des affiches. La grande guerre racontée par les images de propagande

Patrick Facon, Editions Atlas, 2013, 191 p. (35€)

 

Images de propagande 1914-1918 ou l’art de vendre la guerre

Annie Pastor, Editions Hugo Desinge, 2013, 157 p. (17,50€)

                                                                                                                                                                                                                                              
Les commémorations de la « Grande Guerre » nous offrent de nombreuses possibilités de voir comment les médias ont relayé ce cataclysme planétaire. Parmi ces médias, l’affiche de propagande a occupé une place privilégiée. Ces deux recueils (chacun de 200 affiches) en témoignent. Il s’agit pour l’analyste de la production médiatique d’une opportunité idéale de « revisiter » l’un des médias les plus populaires et les plus anciens ; l’intérêt est notamment que ces quelques centaines de témoignages convergent sur les mêmes thématiques : glorification des héros du front, joie rayonnante de ceux qui se battent pour « une noble cause», efforts de ceux de l’arrière, participation de chacun au sacrifice, etc. L’affiche proclame, mobilise, met en garde, sans trop argumenter. Les stéréotypes qu’elle convoque doivent être percutants. On exalte ou on diabolise. Et l’on s’aperçoit qu’il s’agit toujours d’une arme redoutable de destruction massive.

 

 

 

 

Premières séances. 100 films pour les 3-6 ans

Sous la direction de Nicolas Marcadé et Jef Costello, Les fiches du cinéma. 2013, 160 p. (19€)

 

Les auteurs de ces fiches rappellent aux lecteurs-éducateurs un principe de base de la programmation cinématographique pour enfants : il est essentiel de leur proposer des films qu’on aime. Et dans cette optique, le cinéma « pour la jeunesse » peut être extrêmement diversifié. « Ernest et Célestine » ou « Shrek » peuvent figurer dans la liste, mais pourquoi pas aussi un Chaplin, un Keaton ou un Tati ? L’important, d’entrée de jeu, est de créer une forme de complicité entre l’œuvre et l’enfant. Et pour ceci, il importe avant tout d’être un « passeur » et de partir avec l’enfant à la découverte de nouveaux territoires, en privilégiant la simplicité narrative et en étant attentif aux problèmes de temporalité. Un ouvrage riche et nuancé, tout autre chose qu’un inventaire à un moment où nous sommes toujours en manque d’une vraie politique d’éducation au cinéma, surtout pour les plus jeunes.

 

 

L’Horreur médiatique

Jean-François Kahn, Plon, 2014, 179 p. (11,60€)

 

Avec son art des formules-chocs et des jugements à l’emporte-pièce, Jean-François Kahn s’emploie à analyser les dysfonctionnements qui ont fini par aboutir aujourd’hui à la fracture entre les médias et leur public. D’après l’auteur, les relations sont devenues apocalyptiques et ne peuvent plus que conduire à la polémique ou au psychodrame. Les causes : une forme de déresponsabilisation sociale et politique des journalistes, un certain populisme, un manque de remise en cause de l’ordre établi, un rejet de modèles alternatifs, un manichéisme uniformisateur de la presse, un binarisme sans nuance. Il n’y a plus que des réponses « convenues, convenantes, convenables » aux enjeux sociétaux. Le mal est bien, selon l’auteur, interne. Et il n’y a guère de solution à l’horizon… Mais, conclut Kahn, « l’horreur médiatique » devra bien un jour faire place à « l’honneur médiatique »… (?)

 

   

 

Les mots de l’image

Bernard Plossu, Jean-Louis Fabiani, ENS de Lyon, Yellow Now, 2014, 127 p. (10,80€)                                                  

 

2 CV, un air de liberté

Bernard Plossu, Pierre Devin, Yellow Now, 2012, 95 p. (10,80€)

 

Les éditions Yellow Now s’ouvrent à une nouvelle collection, « Les Carnets », avec ces deux petits volumes particulièrement sympathiques où les clichés de Bernard Plossu sont mis en perspective par des textes, poétiques ou philosophiques. L’univers du quotidien et de son apparente banalité, cher à Plossu, trouve ainsi un écho, un contrepoint, une amplification. Toute une dialectique se développe, où les images réelles renvoient à des images mentales et où l’imaginaire est sans cesse sollicité. Une formidable « leçon » de lecture d’image nous est ainsi proposée, loin de tout formalisme et de toute intentionnalité didactique. Un partenariat de l’image et de l’écriture qui contribue à mettre, une fois encore, en évidence la diversité et l’originalité de cette très sympathique maison d’édition. 

 

 

 

La fin du cinéma ? Un média en crise à l’ère du numérique 

André Gaudreault et Philippe Marion, Armand Colin, 2013, 275 p. (25,80€)

 

Les deux auteurs s’inscrivent dans la ligne de cette affirmation de Ph. Dubois qui voit le cinéma « plus multiple, plus intense, plus omniprésent » que jamais. Dans cette optique, on accepte évidemment une conception élargie et extensible du cinéma. Alors, c’est peut-être un mode narratif dominant propre au cinéma qui a disparu, peut-être aussi une certaine forme de passion cinéphilique, centrée sur les genres, les « classiques », les « grandes » œuvres… Mais, en fait, le cinéma est à l’image de la plupart des médias ; comme le phénix, il renaît de ses cendres, à chaque mort annoncée. Ça s’est passé vers 1910, avec l’industrialisation de ce qui n’était qu’un simple dispositif de restitution de la réalité en mouvement. Vingt ans plus tard, avec l’apparition du son. Ensuite, avec le cinéma sur petit écran TV, lu sur DVD, décliné sur tous les autres écrans, numérisé, etc… Métissage, hybridation, renaissance… c’est le cycle que pratiquement tous les médias connaissent.