Cette rubrique présente de nouveaux ouvrages concernant presse écrite et médias. Ils peuvent vous intéresser comme outils de travail ou de réflexion. Tous les ouvrages commentés sont évidemment disponible à la médiathèque du CAV.

Ne sont présentés sur cette page que les résumés : pour télécharger l'entièreté du commentaire (3-4 pages), cliquez sur le titre de l'ouvrage qui vous intéresse.

Pour les ouvrages antérieurs à l'année en cours, veuillez consulter la rubrique "Archives"

 

Médias : influence, pouvoir et fiabilité. A quoi peut-on se fier ?

 

Julien Leconte, L’Harmattan, «Questions contemporaines», 2012, 249p. (25€)

 

Il s’agit d’une réflexion métacognitive sur les médias et leur incidence sur nos propos et nos comportements. L’auteur se veut aussi nuancé que possible sur le pouvoir de ces médias, il entend bien surtout qu’on cesse de les diaboliser et de voir dans ceux qui les façonnent, des manipulateurs professionnels. Certes, il y a bien la propagande politique, la publicité, une pratique économique qui exige de la rentabilité… Mais le rejet ne doit pas être pour autant global et sans appel. Car, en définitive, les médias nous manipulent-ils plus que notre propre perception de la réalité qui nous entoure ? En d’autre termes, l’ouvrage gravite entre deux questions, qui se complètent et doivent être étroitement associées : « A quoi puis-je croire ? » et « A qui puis-je me fier ? ». L’hypothèse assez séduisante de Julien Lecomte est qu’une analyse critique des médias, c’est peut-être d’abord une analyse des rapports que chacun d’entre nous entretient avec eux. Un ouvrage original et intéressant, qui revisite les « fondamentaux » de l’éducation aux médias, en multipliant les illustrations et les références. Un premier essai très prometteur.

 

 

 

Moi René Tardi, prisonnier de guerre au STALAG II B

 

Jacques Tardi, Casterman, 2012, 188p. (25€)

 

Jacques Tardi est bien l’un des meilleurs bédéistes actuels. Et, pour rappel, la BD est bien un média. Comme telle, elle nous intéresse mais, plus encore, lorsqu’elle introduit de nouveaux dispositifs narratifs qui se rencontrent au cinéma par ex. L’auteur de « Putain de guerre » se centre ici sur le sort des prisonniers de guerre en 40-45, des jeunes qui ont eu leur destin brisé, qui se sont retrouvés derrière les barbelés, amers, meurtris, honteux. L’auteur, qui à l’époque n’était pas encore né, y accompagne son père dans cette misérable aventure et lui pose des questions pour essayer de comprendre ses choix et ses comportements. Si le procédé est original, il représente aussi un pont intergénérationnel entre les jeunes lecteurs d’aujourd’hui et ces tristes héros d’une guerre qui leur a volé leurs meilleures années.

Stalag IIB

 

 

Un œil sur le monde. Les meilleurs dessins de presse internationaux de 1989 à nos jours

 

Jean-Christophe Victor, Robert Laffont, 2012, 280p. (32,70€)

 

Les publications concernant le dessin de presse ont tendance à se multiplier. On s’en réjouit, car c’est là un élément rédactionnel qui non seulement fait sourire le lecteur complice, mais participe aussi à la vulgarisation d’une actualité sociale ou économique souvent complexe. « Art du débat et du combat », le dessin de presse est aussi un matériau qui mériterait d’être intégré aux cours d’histoire et de sciences sociales. Et ce florilège de J-Ch. Victor en est une preuve. L’ouvrage non seulement contextualise chaque événement ou personnage politique évoqué (dans une période allant de 1989 à nos jours), mais à propos de l’objet du dessin, il y a chaque fois une confrontation de dessinateurs d’horizons culturels très divers et, en outre, une volonté d’aider le lecteur dans sa lecture d’image. Un vrai document d’éducation aux médias…

 

 

Lire les images de Cinéma

 

Laurent Jullier, Michel Marie, Larousse, Coll. «Comprendre et reconnaître», 2012, 264 p. (30,40€)

 

Les introductions au langage cinématographique et les abrégés d’histoire du cinéma se bousculent aux portillons des bonnes librairies et souvent se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Aussi est-il toujours passionnant de découvrir un ouvrage qui sorte du lot par son approche assez originale, qui ne se fait pas pour autant au détriment de sa qualité scientifique. Les deux auteurs sont d’ailleurs les garants de cette qualité. Il s’agit aussi d’un ouvrage « grand public », ce qui ne gâche rien, dans un domaine où les études « savantes » et les albums « magnifiquement illustrés » ont pris l’habitude de monopoliser le monde de l’édition. On passe ainsi du plan à la séquence, de la séquence au film avec beaucoup de plaisir. On parcourt aussi le cinéma muet, l’âge d’or des genres, le classicisme, le cinéma de la modernité, le second souffle d’Hollywood et l’ère postmoderne avec une égale complicité.

 

Sexes et manuels

 

Direction de l’égalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 2012, 112p. (gratuit). Téléchargeable sur www.egalite.cfwb.be

 

Saviez-vous que les manuels scolaires de vos enfants véhiculent de très nombreux stéréotypes sexistes ? Ceux-ci, en tout cas, figurent en bonne place parmi l’ensemble des stéréotypes rencontrés. Et leurs effets sont d’autant plus pernicieux que le public scolaire qui y est soumis est jeune, malléable, inconscient des représentations biaisées qu’on lui propose. Il y a donc bien ici une responsabilité morale de l’éditeur qui est engagée. Cent-trente manuels ont été ici analysés pour constituer un corpus mettant l’accent sur la construction de l’identité dans un univers de discrimination larvée, qui se traduit au plan des rôles, des croyances, des relations, des situations évoquées par les textes ou les exercices et surtout par les images.

  

Brève histoire des «Cahiers du Cinéma»

 

Emilie Bickerton, Les prairies ordinaires, coll. «Penser/Croiser», 2012, 195p. (21€)            

 

Evoquer l’histoire des «Cahiers», c’est d’abord s’attaquer à un objet mythique pour tous les cinéphiles. C’est aussi s’intéresser au renouveau du cinéma français et européen au lendemain de la deuxième guerre mondiale, à l’élaboration d’un nouveau type de cinéma, d’un nouveau langage, d’une nouvelle esthétique, d’un autre regard sur le monde. Mais le propos de l’auteure ne se limite pas à essayer de saisir ce renouveau, Bickerton entend suivre à la trace l’évolution de la revue la plus prestigieuse de critique cinématographique pour voir comment elle a pu, en quelques années, se muer en un simple guide de consommateurs de films. On sera d’accord ou pas… Le numéro de novembre des dits « Cahiers » crie en tout cas au scandale et à la malhonnêteté intellectuelle…

 

 

Le film-événement. Esthétique, politique et société dans le cinéma américain

 

Diana Gonzalez Duclert, Armand Colin, 2012, 220p (27,65€)

 

L’auteure définit un film-événement comme une œuvre qui établit et nourrit un authentique dialogue de société en conduisant, tôt ou tard, une action de type politique ayant une inférence au plan national ou international. Comme tel, un film-événement peut devenir un objet privilégié dans le cadre d’un cours de sciences sociales. Le livre porte uniquement sur des films américains. Ils sont au nombre de huit et vont de « Naissance d’une nation » à « Brokeback Mountain » en passant par « JFK » ou « Easy Rider ». Ce qui est intéressant c’est, d’une part, de pointer la valeur esthétique de ces œuvres et, d’autre part, de montrer comment le grand public peut ainsi s’approprier un « savoir savant » et le transformer en « savoir de société ». un bel exemple ici d’éducation aux et par les médias.

Le film événement
 

 

La couleur au cinéma

 

Yannick Mouren, CNRS, 2012, 253 p. (22€)

 

L’auteur pose clairement la question du rôle signifiant de la couleur, élément fondamental du langage cinématographique. Mais il n’ignore pas les contraintes techniques des procédés utilisés ou les impératifs financiers des maisons de production. Mouren fonde son approche sur quatre axes : donner à la couleur sa signification dans un système d’opposition au NB, la raréfier pour faire en sorte qu’on l’oublie ou qu’on ne soit pas marqué par son exubérance, lui attribuer un symbolisme par un système de signification propre, la mettre en valeur par l’intensification. Loin de la polychromie qui s’apparente à un coloriage simpliste, on explore au travers de quelques centaines d’exemples les choix chromatiques des vrais auteurs de films.

La couleur au cinéma

 

Comment le numérique transforme les lieux de savoirs. Le numérique au service du bien commun et de l’accès au savoir pour tous

 

Bruno Devauchelle, FYP, coll. «Société de la Connaissance», 2012, 190p. (20€)

 

Ces lieux de savoirs – musées, bibliothèques et écoles, de la maternelle à l’université – sont toujours fortement conditionnés par la culture de l’écrit. Ces institutions ne sont pas toujours pressées de répondre à la numérisation qui envahit notre société. L’informatisation porte prioritairement sur la logistique et l’administration, mais pas toujours sur la raison sociale du lieu : accès aux savoirs, mais aussi « pédagogisation » de ceux-ci. Il n’y a pas de véritable reconfiguration du lieu, pas de véritable appropriation de la nouvelle culture. Ainsi, des aspects comme le flux de l’information, l’importance des traces numériques et des savoirs partagés, l’expérimentation de nouveaux espaces d’interactions, ne sont pas assez souvent pris en compte.

Comment le numérique transforme les lieux de savoirs. Le numérique au service du bien commun et de l’accès au savoir pour tous

 

Rêves et cauchemars au cinéma

 

Maxime Scheinfeigel, Armand Colin, 2012, 207p. (24,35€)

 

On sait que le cinéma est une « usine à rêves »… ou à cauchemars. Au départ d’une vingtaine de films, l’auteur se livre à un chassé-croisé, parfois inattendu, entre images cinématographiques, images mentales et oniriques. De la caméra obscura ou de la boîte noire du cerveau, naissent des frissons et vertiges dont la force hypnotique se rejoint. On passe ainsi de « La maison du Docteur Edwardes » d’Hitchcock à « Nosferatu » de Murnau, de « Juliette des esprits » de Fellini à « Rêves » de Kurosawa, de « Kafka » de Welles à « Inception » de Nolan. On revisite Buñuel, Bergman, Resnais. On découvre surtout que les conditions de visionnage d’un film ont un impact énorme sur la véritable fusion entre individu et œuvre. A l’époque des petits écrans ambulatoires, il y a une véritable mise en abyme de la fameuse co-énonciation…

Rêves et cauchemars au cinéma

 

Médias et opinion publique

 

Arnaud Mercier, CNRS, coll. «Les essentiels d’Hermès», 2012, 167p. (8€)

 

Il s’agit, en fait, d’un volet d’une trilogie, les deux autres étant « Le marketing politique » et « Internet et politique », soit toute une exploration des concepts et des interactions au sein du fameux triangle réunissant acteurs politiques, opinion et médias. L’intérêt réside ici dans l’analyse de cas d’espèce où l’on participe à l’émergence d’une opinion publique qui se façonne et confirme le contrepoids qu’elle peut représenter face au pouvoir en place. On passe ainsi de la Russie de Gorbatchev à la Chine avec le développement d’Internet et des réseaux mettant en œuvre toutes les stratégies de contournement d’une société civile démocratique en gestation. On va de l’apparition d’une opinion publique arabe à la démocratie participative de Ségolène Royal. Dominique Wolton, directeur de la publication, se hasarde à une synthèse, ou les questions prédominent, mais l’essentiel est, ici aussi, de pouvoir les formuler. 

Médias et opinion publique

 

La société sous-informée. L’essentiel, c’est ce que l’on ne vous dit pas

 

Joachim Marcus-Steiff, L’Harmattan, coll. «Questions contemporaines»2012, 51p. (10€)

                              

Etrange constat alors qu’on ne cesse de nous parler d’une surabondance de l’information, d’une « société de l’information ». Mais le sous-titre proposé par l’auteur est limpide : « L’essentiel, c’est ce que l’on ne vous dit pas ». Quelles sont la pertinence et l’utilité immédiate de l’info qui est à notre disposition ? Cette info pertinente, ou supposée telle, répond-elle aux besoins de la majorité des citoyens ? Au départ d’une typologie simple (l’info à 0 acteur, l’info à 1 acteur, l’info pour autrui), l’auteur explore quelques domaines où mensonges et mauvaise foi se rejoignent pour biaiser une info, même si celle-ci est cependant censée être « scientifique » ; la fraude dans l’info est, en tout cas, là où on l’attendrait le moins.

La société sous-informée. L’essentiel, c’est ce que l’on ne vous dit pas

 

Petite poucette

 

Michel Serres, Ed. Le Pommier,  coll. «Manifestes», 2012, 83p. (9,50€)

 

La seule vraie désobéissance, a dit Michel Serres, est celle qui permet d’inventer ». Or, invention, filiation, science et technologie, et surtout éducation, sont au centre de ce petit traité, qui tient à la fois de la fable et de l’allégorie. Serres y observe cette génération mutante à laquelle appartiennent nos jeunes d’aujourd’hui, eux qui ne cessent d’envoyer des SMS et ont le monde à la portée du pouce. Ces jeunes inventent au quotidien une nouvelle langue, créent une nouvelle vie, une nouvelle appartenance. Tout est, effectivement, à refaire, à inventer, en commençant par l’Ecole, qui doit se libérer des structures anciennes pour construire un nouvel apprentissage.

Petite poucette

 

Les remakes

 

Laurent Bourdon, Larousse, coll. «Comprendre et reconnaître», 2012, 337p. (32€)

Pour rappel, un remake est un film réalisé à partir du scénario d’un film précédent, tous deux pouvant être le résultat d’une adaptation à l’écran d’une œuvre littéraire… En d’autres termes, le remake peut être une véritable mine d’or pour le cinéphile ou l’historien du cinéma, en termes d’analyse de l’évolution des goûts du public consommateur, des styles ou acteurs à la mode, des interdits de la censure, … Mais l’attrait du retournage d’un film est d’abord économique. L’intérêt du livre de Bourdon est qu’il repose sur des analyses comparatives assez fouillées et que son échantillonnage est très large. On passe ainsi du «M Le maudit» de Fritz Lang à celui de Joseph Losey, on peut mettre en regard les quatre adaptations du roman de James Mac Cain « Le facteur sonne toujours deux fois », s’amuser à comparer les différentes versions du «Baron de Münchausen», sans oublier «Les sept samouraïs» versus «Les sept mercenaires», ou encore, «Psychose/Psycho» Hitchcock/Van Sant. Beaucoup de polémiques possibles et, en tout cas, un apport réel en matière d’éducation au cinéma.

Les remakes

 

      Silence                           L’ombre du corbeau                 La belette

 

  Casterman, 2005                     Casterman, 2012                 Casterman, 2012

 

    151p. 24,33€                           63p. 17,65€                        142p. 24,33€

 

                                                                                                                                                       

Des BD rééditées, une exposition remarquable, mais surtout un dessinateur et un créateur de grand format, avec un style et une intensité émotionnelle qui ne cessent de surprendre et de s’affirmer de récit en récit. Avec un rejet violent, une haine viscérale de la guerre, du cléricalisme, de la méchanceté. Avec surtout une parfaite maîtrise du noir et blanc, des oppositions entre jeux d’ombres et de lumière. C’est tout un univers de réalisme magique qui finit ainsi par s’imposer, nous ensorceler, nous angoisser. Du grand art !

             

 

 

Silence

 

La belette

 

L'ombre du corbeau

 

On a marché sur les urnes. Présidentielle 2012

 

Plantu, Seuil, 2012, 128p. (15€)

 

Casse-toi pauv’con ! Un quinquennat presque parfait en 100 dessins

    

Vadot, Renaissance du livre, 2012, 80p.  (12,90€)

                                                                                                                                                       

Pour les dessinateurs de presse, les périodes électorales représentent un moment fort, une opportunité à ne pas rater, surtout quand Sarkozy se trouve au centre des enjeux. Ces deux recueils nous réservent beaucoup de plaisir, mais ils contribuent aussi à souligner toute l’importance éditoriale du dessin de presse, ainsi que la complicité qu’il recèle avec le reste des rédacteurs et, bien sûr, avec les lecteurs. Intérêt aussi qui consiste à voir comment au-delà de la caricature et du pamphlet, ce sont bien les dysfonctionnements d’une société qui sont dénoncés par le dessin de presse. On passe ainsi de l’immédiateté de l’actu, qui devient un prétexte, à une réflexion plus universelle.

 

On a marché sur les urnes

 

Casse-toi pauv’con

 

Qu'est-ce qu'un bon film?

 

Laurent Jullier, La Dispute, 2012, 252 p. (20€)

 

Question évidemment fondamentale dans le cadre d’une éducation au cinéma, une formation à son langage, à sa valeur artistique, à son patrimoine. Mais on se doute que les critères et les jugements sont très relatifs et que la qualité d’un film, comme de n’importe quelle œuvre d’art, tient surtout au regard que l’on porte sur lui. Au-delà de cette évidence, les paramètres sont nombreux, ils relèvent de la sociologie des pratiques culturelles, des études sur la réception, des théories du récit de fiction, de l’anthropologie ou encore des «gender studies», critères qu’il faut pouvoir à un certain moment, hiérarchiser. Mais la base d’une évaluation repose essentiellement sur deux axes : le cadre de l’expérience filmique de chaque spectateur et les critères propres à toute œuvre filmique. Ce qui paraît plus important que les critères «objectifs» d’appréciation, c’est le moment de rencontre entre le texte filmique et la sensibilité du spectateur, un moment que l’on sous-estime trop souvent en lui préférant le degré de réussite technique, l’émotion ou l’originalité de la démarche, du thème et de son traitement.

  Qu'est-ce qu'un bon film?

 

Histoire du cinéma des origines aux années 2000

 

René Prédal, Corlet, coll. «CinémAction», 2012, 270 p. (24€)

 

Elles deviennent de plus en plus rares ces histoires généralistes du cinéma. Celle-ci sera peut-être la dernière et son auteur prend la précaution de l’intituler «abrégé pédagogique». C’est que le cinéma, en moins de 125 ans, s’est diversifié sur tous les plans : thématiques, formels, esthétiques, économiques, etc. On en est aux dictionnaires, aux chronologies, aux monographies,… La révolution numérique et ses nouvelles images a accentué encore cette explosion extraordinaire d’un art qui aujourd’hui fait le grand écart entre la mini DV et la 3D. Un bouillonnement dont René Prédal était peut-être encore le seul à pouvoir rendre compte.

Histoire du cinéma des origines aux années 2000

 

A la Une. La presse, de la gazette à Internet

 

Philippe Mezzasalma, Bibliothèque Nationale de France, 2012, 214 p. (44€)

 

Il s’agit, en fait, d’un ouvrage encyclopédique qui est le reflet d’une exposition organisée par la Bibliothèque nationale de France, à l’espace Mitterrand. Un foisonnement de témoignages, de notices biographiques de maquettes, de photos et de dessins de presse, avec une structure placée sous le signe de la professionnalisation rédactionnelle et technologique. Une représentation des mutations du paysage journalistique, de ces récentes interactions entre écrit et numérique. Une somme documentaire parmi laquelle il importe de se frayer des itinéraires pour les transformer en outils de sensibilisation et de formation à l’aventure passionnante de la presse écrite.

  A la Une. La presse, de la gazette à Internet

 

Quand la politique se mêle de cinéma

 

Héloïse Tillirac, Lormont, coll. «Clair et net», 2012, 212 p. (20€)

 

Une intéressante analyse comparative des rubriques cinématographiques de trois quotidiens : «Le Monde», «Libération», «Le Figaro». Ces rubriques respectives laissent clairement apparaître l’implication de la dimension politique dans l’analyse filmique. Les paramètres de l’analyse sont aussi bien la ligne éditoriale du journal, l’environnement culturel des journalistes auteurs des articles, l’horizon d’attente du lectorat. Et l’on en arrive à une totale convergence des aspects politiques, filmiques et langagiers. Amusant et instructif…car il y a bien une évidente propension à utiliser la critique culturelle – plus particulièrement cinématographique – comme un lieu d’expression d’opinion.

  Quand la politique se mêle de cinéma

 

Sexe, mensonges et médias

 

Jean Quatremer, Plon, 2011, 190 p. (19,40€)

 

L’auteur interroge l’omerta de ses confrères de la presse hexagonale, leurs mensonges avérés ou leur refus d’enquêter au nom de la préservation de la vie privée d’un certain DSK. Il dénonce surtout une complicité qui existe entre les représentants du pourvoir et les journalistes. La thèse de l’auteur est simple : dès qu’une information censée relever de la vie privée a un quelconque impact sur la vie publique, elle tombe automatiquement dans le domaine public et la presse a donc le devoir moral de la révéler. C’est à la lumière de cette thèse que Quatremer analyse les comportements et articles de ses confrères.

  Sexe, mensonges et médias

 

Les vieilles élites de la nouvelle économie : un portrait collectif des dirigeants de la "révolution numérique" aux Etats-Unis et en Europe

 

Geoffrey Geuens, PUF, 2011, 207 p. (16€)

 

Geuens s’est affirmé comme un spécialiste des relations entre capital et médias. La thèse qu’il défend ici est que la révolution numérique n’a pas vraiment eu lieu, en tout cas dans les structures économiques ou politiques qu’elle aurait dû faire imploser. Les logiques anciennes de gestion des flux de l’information sont toujours d’actualité, elles ont même été consolidées dans le cadre des vieux capitalismes qui se développent dans le giron des Etats. D’après l’auteur, les concepts de désétatisation, de déterritorialisation ou de dérégulation, ne correspondent pas aux réalités du terrain. Et il conforte sa thèse avec des exemples issus de l’économie belge, toujours sous contrôle familial, de l’économie française où la communication est toujours gérée par les dirigeants nationaux et de l’économie des Etats-Unis où les groupes multimédia sont aussi stato-centrés.

  Les vieilles élites de la nouvelle économie : un portrait collectif des dirigeants de la "révolution numérique" aux Etats-Unis et en Europe

 

RTBF, le désamour

 

Bernard Hennebert, Couleur Livres, 2012, 112 p. (12€)

 

A la veille d’un nouveau contrat de gestion de la RTBF, Hennebert passe au crible les (prétendus) dysfonctionnements de notre chaîne publique. Le chevalier blanc relance sa croisade sur ses thèmes de prédilection : la publicité et, plus particulièrement, le placement de produit, le statut boiteux de la Trois, la qualité de la programmation, les émissions de médiation, la place de l’éducation aux médias, les pressions et lobbys professionnels à l’œuvre. Le réquisitoire est sévère. Sévère, comme d’habitude, oserions-nous dire. Car depuis le temps glorieux de l’Association des Téléspectateurs Actifs, Hennebert ne cesse d’enfoncer le clou. On le sait obstiné et ce dernier ouvrage en est une preuve supplémentaire.

  RTBF, le désamour

 

Cinémas en campagne. De la chronique électorale à la fiction politique

 

Sous la direction de Jacques Gerstenkorn et Martin Goutte, Fage, 2012, 160p. (20€)

 

Peut-on parler d’un genre cinématographique ? Pas vraiment… Il est d’ailleurs devenu beaucoup plus télévisuel et même numérique. En plus, il s’agit d’une production très hétérogène, puisqu’elle oscille entre la chronique électorale et la fiction politique, en passant par les spots de campagne, les duels de plateau, en développant aussi une infinie variété de lieux de tournage et de suivi des candidats dans la durée. Avec un engagement politique de l’auteur, parfois très présent. C’est le cas des Moati, Comolli, Jeuland, Depardon. Mais ce type de production audiovisuelle est aussi le relais de nouvelles formes de tournage, de montage, de communication. Et là n’est pas son moindre intérêt.

  Cinémas en campagne. De la chronique électorale à la fiction politique

 

La formation aux cultures numériques. Une nouvelle pédagogie pour une culture de l'information à l'heure du numérique

 

Olivier Le Deuff, FYP, 2011, 160 p. (19,50€)

 

Le développement exponentiel des nouvelles technologies recèle d’énormes potentialités, mais tout autant d’interrogations sur l’évolution intellectuelle et culturelle de notre société. Car l’argument technologique fait trop souvent figure d’alibi. Ainsi, l’auteur remet en question des notions comme «société de l’information», «natifs digitaux» et milite pour une véritable politique éducative à la place d’une vision trop souvent managériale de notre environnement numérique. Une vraie culture numérique ne se définit pas uniquement par des pratiques et usages, elle doit se fonder sur un héritage humaniste. Et l’auteur de recenser les obstacles et les freins qui viennent saper les littératies critiques, participatives, impliquant une capacité d’attention et de veille.

   La formation aux cultures numériques.

 

Les dessins sans frontières de Nicolas Vadot. Un autre regard sur la politique étrangère

 

Luc Herman, Le bord de l’eau, 2011, 240 p. (22€)

 

On connaît l’efficacité du dessin de presse. Il représente bien un genre journalistique à part entière et un commentaire sur l’actualité aussi (im)pertinent qu’un article argumenté. Il a ses grands maîtres : Daumier, Plantu, Sine, Wolinski, Kroll. Vadot fait partie de ceux qui ont donné au dessin de presse ses lettres de noblesse. Il s’impose par le trait et la couleur depuis une décennie en stigmatisant les Berlusconi, Sarkozy ou les dictateurs arabes. Richesse d’observation et d’analyse, mise en perspective critique. Ici aussi, de tels dessins constituent de formidables documents pédagogiques.

  Les dessins sans frontières de Nicolas Vadot. Un autre regard sur la politique étrangère

 

Mémoires du Monde : 100 films de la cinémathèque de la Communauté française de Belgique

 

Marianne Thys, J.L. Comolli, Yellow Now, 2011, 256 p.

 

Il s’agit de la présentation d’une centaine de films de la Cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles. On savait que la « petite sœur » de la Cinematek était en pleine mutation et qu’elle a commencé à numériser ses richesses. Car l’on peut vraiment parler de richesses avec un ensemble de courts-métrages réalisés par Storck, de Heusch, de Keukelaire, mais aussi par Rouch, Ruspoli, Lamorisse, Haanstra, Resnais. Les fiches filmographiques réunies ici sont une invitation à la découverte de trésors qui devraient pouvoir s’imposer dans les cours de morale, sciences sociales, histoire.

  Mémoires du Monde : 100 films de la cinémathèque de la Communauté française de Belgique

 

Secrets de Sondages

 

Denis Pingaud, Seuil, 2011, 133 p. (28€)

 

Les sondages suscitent souvent la suspicion quand ce n’est pas le sarcasme. On les conteste, on les manipule, on en donne une lecture simpliste hors-contexte. A la base de cette méfiance, il y a déjà la position de Pierre Bourdieu estimant que l’opinion publique est un leurre. Mais il y a aussi ce ménage à trois qui unit, ou oppose, les instituts, les médias et les politiques. Beaucoup de faux débats sur le concept d’échantillons significatifs, sur celui de «redressement» opéré, de légitimité de certaines enquêtes. Mais il y a aussi de vraies questions posées dans cet ouvrage, qui vaut d’être lu dans une année «électorale» comme 2012.

  Secrets de Sondages

 

Ecrits sur la photographie

 

Pierre Mac Orlan, Textuel, 2011, 175 p. (14€)

 

On connaît Mac Orlan comme romancier mais moins comme photographe. L’auteur de «Quai des brumes» ou de «La Bandera», par ailleurs adapté au cinéma par Carné et Duvivier, s’est aussi passionné pour la photographie documentaire où il a introduit le concept de «fantastique social» qui imprègne, selon lui, tout l’environnement urbain, la «nuit des villes». C’est toute une atmosphère spécifique qui se crée au départ de ce concept : le petit matin, la pluie, le vent. Des images qui vous collent à la peau et, en un sens, la même fascination pour les lumières blafardes et les anges déchus, que connaissaient l’Allemagne des années 30 et son cinéma.

   Ecrits sur la photographie

 

La réalité augmentée ou l’ère Wikileaks

 

Drieu Godefridi, Texquis, 2011, 128 p. (16€)

 

Que représente exactement la réalité augmentée. En fait, selon Wikipédia, elle permet d’incruster de façon réaliste des objets virtuels dans une séquence d’images. C’est dire qu’aujourd’hui ses applications se retrouvent dans tous les domaines, recherche industrielle, sport, patrimoine. S’agirait-il d’un sixième sens, d’une prothèse sophistiquée, d’une profonde mutation de l’individu. L’auteur répond à ces questions en juriste et docteur en philosophie qu’il est. L’univers entier, d’après lui, est devenu disponible et son omniprésence virtuelle est constante, surtout depuis que Wikileaks a ouvert une brèche dans la confidentialité de l’Economie et de l’Etat.

  La réalité augmentée ou l’ère Wikileaks

 

100 images qui ont fait scandale

 

Emmanuel Pierrat, Hoëbeke, 2011, 173 p. (29,50€)

 

Toute image est une bombe en puissance mais on sait aussi que le moment et le lieu de diffusion de l’image sont des moments déterminants car le «censeur interdit toujours ce qu’il craint et ce qui lui ressemble» (J.J. Prévert). L’auteur met en place tout un questionnement essentiel pour la perception actuelle des images qu’il a réunies ici. La plupart datent de la seconde moitié du 20ème siècle, leurs supports d’origine sont multiples : affiches de cinéma, photos de presse, pochettes de disque, etc. Et la base de l’internet appartient toujours à un des quatre mondes : sexualité, religion, politique, pouvoir. Mais les excommunications devraient surtout être réservées au seul mauvais goût…

  100 images qui ont fait scandale

 

Journal d’un journal. « Libération »

 

Mathieu Sapin, G. Delcourt, 2011, 123 p. (15,45€)

 

L’enquête BD semble bien être devenue un genre journalistique qui se développe et vaut d’être analysé. Elle implique un regard, souvent engagé, sur le monde et elle représente aussi un auxiliaire pédagogique qui doit intéresser nos élèves. Sachant que la présence physique de l’auteur dans son récit est un élément d’identification pour le lecteur et d’empathie avec la situation où il se trouve plongé. Ici, c’est d’un reportage au quotidien sur les différents services de «Libération». Et Mathieu Sapin évoque par ses dessins à la fois, l’anecdote « qui fait vrai », les rapports sociaux au sein de la boîte, les prises de parole, les revendications, la solidarité entre les acteurs. C’est en quelque sorte le «making of» d’un journal, un parcours initiatique dans les coulisses d’une rédaction et une approche systémique de la presse écrite.

  Journal d’un journal. « Libération »