MEDIACTU – Janvier 2012.

 

Autant le mois de décembre avait marqué lourdement la fin 2011 - pressions internationales sur un pays qui a réussi enfin à se former un gouvernement, désignation des ministres, et puis cette tuerie de la Place Saint-Lambert à Liège - autant ce mois de janvier n’a guère suscité d’info « à flux tendu ». C’est probablement que 2012 risque d’être une année difficile, et que chacun retient son souffle avant de découvrir ce qui l’attend. La grève générale du 30 est un peu à l’image d’une angoisse qui n’arrivera pas à se dissiper avant longtemps.

Mais 2012 sera une année électorale un peu partout dans le monde et les prémisses sont déjà bien tangibles. Effets d’annonce, exercices de musculation oratoire, déclarations et promesses se succèdent. Les médias comptent les coups, se lancent dans de savantes supputations. Le micro-trottoir se porte bien et les rumeurs vont bon train. Les politiques prennent leurs marques, les premiers sondages apparaissent…

Pendant ce temps, notre musée de la photo célèbre ses vingt-cinq ans d’existence. Son fondateur et premier directeur Georges Vercheval présente ses œuvres à cette occasion, invité par l’actuel directeur Xavier Canonne. Une opportunité pour rappeler que « notre » musée de la photo est l’un des plus anciens au monde et qu’il a servi de modèle à d’autres réalisations, à Santiago de Chili, notamment. En fait, l’exposition de Vercheval lance une année de manifestations qui seront aussi bien consacrées à de grands formats comme à de jeunes photographes à leurs débuts. En attendant, allez voir « L’ordre des choses » du photographe devenu directeur et découvrez des images très construites, non dénuées d’une bonne dose d’abstraction, voire de surréalisme. « J’ai aussi fait de nombreuses photos de guerre, de manifs. Mais c’était dans le cadre de mon action militante. Et comme photographe, ce n’était pas bon. J’étais trop proche du sujet… ». Une œuvre très contrastée aux dimensions multiples.

Passons à un autre média « classique » : la BD. Elle a son festival à Angoulème et, cette année, c’est Art Spiegelman qui préside à sa destinée. Spiegelman est un des « grands » de la BD américaine oeuvrant à faire de la BD un des beaux-arts à part entière, notamment avec « Maus », une évocation de l’holocauste, où périt sa propre famille.

Angoulême est évidemment le rendez-vous de la BD internationale, avec son ouverture au monde, qui se double d’une ouverture à un large échantillonnage de styles, notamment avec les auteurs taïwanais et leurs tablettes graphiques, avec la jeune école espagnole.

Et les Belges ? Sont-ils présents à Angoulême ? François Schuiten y sera avec Dassault  et la volonté de faire passer la bande dessinée dans l’univers de la réalité augmentée. Mais la région liégeoise est également représentée à Angoulême avec de jeunes dessinateurs des Beaux-arts et de St.Luc, qui y affronteront les éditeurs.

Au palmarès du Festival, on note le triomphe de Guy Delisle, un de ces BD reporters, dont nous avions évoqué l’importance dans notre rubrique « Ouvrages récents ». La BD reportage est, en effet, un genre journalistique qui s’impose par son engagement politique et humanitaire et par ses vertus pédagogiques. Nous nous réjouissons donc que le jury d’Angoulême ait récompensé « Chronique de Jérusalem », une chronique sur l’étouffement des libertés tout au long des check-points et de cette ligne de démarcation qui concrétise toute l’absurdité d’un monde.

Et clôturons ce rapide tour d’horizon en revenant à des médias moins classiques, avec la commissaire européenne Viviane Reding qui voudrait renforcer les droits des utilisateurs sur Internet, en matière de respect de la vie privée en évitant qu’ils se trouvent dépossédés de leurs données personnelles, une sorte de « droit à l’oubli » numérique.

Signalons aussi cette campagne de sensibilisation pour défendre la neutralité du Net, objectif majeur de toute politique publique. Certains pensent d’ailleurs que cette neutralité devrait figurer dans la constitution…

M.Cl.