CAVL Lettre d'info n°32
Centre Audiovisuel Liège asbl |
Editorial - Interview de Thomas Jungblut - Médiathèque : nouvelles acquisitions - Concours de critique de film de cinergie.be - Ouvrages récents
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La création, l’alimentation et la gestion de la WebTV de l’école est une activité pédagogique qui convoque la plupart des compétences médiatiques, qu’elles soient informationnelles, techniques ou sociales.
Le récent appel à projets du Conseil supérieur de l’Education aux Médias a encore démontré tout l’intérêt porté par les équipes éducatives – du fondamental et du secondaire – à ce genre de pratique. La variété des contenus que l’on a pu découvrir, dans les vingt-trois propositions qui nous ont été rentrées au CSEM, laisse clairement percevoir toute la richesse des apprentissages disciplinaires ou transversaux que les enseignants réussissent ainsi à susciter auprès de leurs élèves. Cela va de la création d’une médiathèque scientifique en ligne proposant des expériences filmées en classe à la publication sur le web de fiches d’analyse littéraire ou filmique, de la création d’un webzine avec des partenaires culturels et sociaux aux comptes-rendus vidéo de classes « nature » ou à un journal de bord en ligne des activités quotidiennes et des visites lors d’un voyage scolaire. Mais cela passe aussi, pour les plus jeunes, par la présentation du quartier où se trouve implantée leur école et par la rencontre de ses habitants avec interviews écrites, radio ou vidéo à la clef. Et encore, nous limitons-nous ici aux seules activités visant à informer le public extérieur…
Il ne s’agit donc aucunement du seul site d’info de l’école ou de sa vitrine destinée à la communauté locale, mais bien de carnets collectifs qui s’adressent de manière naturelle et directe aux élèves/contributeurs du site, à leurs enseignants, à leurs parents et aux autres membres d’un public limité et assez bien identifié.
Par ailleurs, on est ici peut-être plus proche d’une forme de mutualisation ou d’échange que d’une publication avec tout ce que celle-ci pourrait avoir d’officiel et de formel.
A la base de la démarche, il y a la pédagogie du projet où l’on travaille avec ses élèves sur un thème choisi et sur la forme la plus adéquate à lui donner. En outre, il y a ici une vraie motivation à la communication et à la valorisation de chacun. L’exigence de qualité est présente à tout instant et les élèves/auteurs en sont bien conscients. Il s’agit évidemment d’une ouverture de l’école vers le monde extérieur mais surtout d’un partenariat de chacun de ses acteurs avec la collectivité.
Mais pour aboutir à des textes – écrits, sonores ou visuels – qui soient publiables, il faut prévoir et organiser. A toute publication, il y a des contraintes techniques, des consignes d’écriture et de mise en page. Il y a une sélection argumentée des sujets et une distribution des rubriques, le respect d’une charte graphique et des protocoles pour augmenter la lisibilité et la visibilité. Il y a parallèlement une info à donner aux élèves sur les droits d’auteurs et les droits à l’image, sur la responsabilisation de chacun et surtout sur la mise en place effective d’une construction collaborative. Car la tâche est complexe, elle réclame bien une réflexion collective sur les démarches à initier et à sérier, avec la nécessité d’un échéancier. On se trouve ici face à une famille de tâches-problèmes, il importe de les identifier dans toutes leurs composantes et de les hiérarchiser pour ne pas se trouver en porte-à-faux à quelque moment que ce soit de la progression.
Depuis la recherche documentaire sur les contenus et l’analyse de sites existants jusqu’à la diffusion des documents qu’il a réalisés, l’élève est bien acteur de ses apprentissages. C’est dire aussi qu’il devra être entraîné à s’auto-évaluer afin de mettre en perspective ses propres usages, mais cela implique aussi qu’il vise à faciliter le feed-back du public auquel il s’adresse et les interactions souhaitables avec ce public.
Si vous souhaitez, à votre tour, vous lancer avec vos élèves dans un travail de ce type, n’oubliez pas non plus que l’alimentation d’une WebTV peut ne pas se limiter à la seule information. Elle peut s’appuyer aussi sur l’écriture créative et mettre en ligne des récits fictionnels écrits collectivement par les élèves d’une classe et relayés ensuite par leurs condisciples d’une autre classe. C’est là une démarche souvent privilégiée par les ateliers d’écriture. Le C.A.V. – dans le cadre d’un projet « Culture-Enseignement » – l’initie, cette année, avec une école fondamentale de Liège.
Michel Clarembeaux |
Nous avons rencontré Thomas Jungblut, assistant en didactique à l’ULg et formateur au CAV Liège, qui avait encadré la mise en œuvre de la WebTV de l’Athénée Léonie de Waha à Liège, et lui avons posé quelques questions portant sur des aspects très pratiques de l’activité scolaire WebTV.
Quelles sont les principales compétences à acquérir pour les élèves ? Une maîtrise technique de l’outil et du dispositif ? Une familiarisation avec les « nouvelles » écritures médiatiques ? La découverte d’un autre type de culture scolaire ?
Bien entendu, la maîtrise technique de l’outil informatique est une compétence importante. Même si elle est loin d’être la seule et que le terme de maîtrise n’est sans doute pas le plus adéquat. On parlera plus volontiers d’initiation technique à des logiciels (Wordpress ou Weebly par exemple) qui restent, malgré tout, assez intuitifs. Précisons aussi que l’aspect pratique du projet a été systématiquement précédé de phases d’analyses de dispositifs et d’objets médiatiques. Ainsi, si l’écriture (multimédia) donne corps au projet, pas mal de compétences relatives à l’acquisition de « l’esprit critique » sont également développées. De plus, l’organisation méthodologique proposée favorisait le travail collaboratif (travaux de groupes, prises de décisions collectives, présentation du projet à la fête de l’école, etc.) en permettant l’acquisition de compétences plus sociales.
La démarche a-t-elle généré une forme d’interdisciplinarité au sein de l’école ?
L'organisation en ateliers n’a pas généré d’emblée une interdisciplinarité, puisque la création de la plateforme internet (la WebTV) s’est effectuée en vase clos, avec les élèves (de degrés différents) inscrits à l’atelier. Cependant, depuis que la WebTV est opérationnelle et en ligne, on constate dans l’école une véritable motivation des élèves et des professeurs pour l’utiliser et pour créer du contenu diffusable dans le cadre de leurs cours. Les élèves produisent donc, par exemple, des capsules vidéo dans les cours de sciences ou de langues. Ces capsules sont alors diffusées sur www.wahatv.be. L’éducation aux médias et la littératie numérique s’invitent donc dans des cours plus traditionnels, ce qui est tout de même une forme d’interdisciplinarité. Remarquons aussi qu’une telle initiative dans un contexte scolaire « normal » appelle naturellement l’interdisciplinarité entre au moins trois professeurs : celui d’arts d’expression ou de communication (pour l’éducation aux médias), celui d’informatique (pour la partie plus technique) et celui de français (pour la rédaction de tous les textes).
Quel fut le degré d’implication des élèves ? Leur comportement a-t-il évolué au fil des étapes du projet ?
Etant donné que le choix de la participation à « l’atelier WebTV » leur appartenait, ils étaient dès le début très curieux. Leur implication a été conséquente, aussi bien de la part des plus jeunes (13 ans) que des plus âgés (17 ans). Mais il faut dire que le projet avait déjà fait un peu de bruit dans l’école et qu’ils étaient, en quelque sorte, responsables de son aboutissement. Evidemment, il y eut des moments plus difficiles ou des moments de débat très engagés mais l’envie a toujours pris le dessus, comme la fierté de pouvoir réaliser leur propre WebTV, destinée à accueillir des vidéos réalisées par l’ensemble des élèves de l’école.
Et le titulaire du cours ? Comment a-t-il intégré cette expérience de vie dans son programme ?
Le contexte scolaire de la réalisation de la WebTV de l’Athénée Léonie de Waha était un peu particulier, puisque l’école dégage chaque année 10 journées complètes pour les consacrer à des « ateliers » (une trentaine chaque année) destinés à tous les élèves de l’école. Ceux-ci, peu importe leur âge, s’y inscrivent en fonction de leurs affinités par rapport au thème de l’atelier et de leurs envies. Ce projet était donc, en quelque sorte, « en dehors » d’un cours et d’un programme particulier. Cependant, c’est quand même le professeur d’arts d’expression, Emmanuel Chapeau, qui l’a pris en charge, puisque la majorité des compétences développées sont intimement liées à la discipline. M. Cl.
Médiathèque : nouvelles acquisitions
Sophie Lescrenier
Tokyo fiancée de Stefan Liberski : concours de critique de film sur cinergie.be
A l'occasion de la sortie du dernier film de Stefan Liberski, Tokyo fiancée, le site consacré au cinéma belge cinergie.be lance un concours de critique de film à destination des 17-25 ans. Le premier prix est un séjour tous frais payés au festival de Cannes!
Critique à envoyer avant le 31 janvier. Pour plus de détails, consultez la page de cinergie.be.
Depuis septembre 2014 (Lettre d’Info n°31), quatre ouvrages récents sur les médias ont fait l’objet d’une recension, qui se trouve sur notre site. Nous les évoquons ici par le biais d’abstracts.
Pour les analyses complètes, cliquez sur le titre de l'ouvrage qui vous intéresse.
M. Cl.
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